Le repas de Pâques en France
La pénitence va prendre fin, la chair réapparaître sur les tables, ce sont les " Pâques charnels", comme on les nommait joliment au Moyen Age. La table d'abondance est de mise, avec l'agneau pascal, de chair ou de pâte, le porc, et les œufs sous toutes les formes, omelettes, œufs durs colorés, gâteaux à base d'œufs et " soupes rousses". L'uniformité a englouti les variétés régionales, et il suffit d'un nid rempli d'œufs et de poussins pour transformer le moindre quatre-quarts en gâteau de Pâques. Peut-être est-ce une façon de perpétuer la tradition !
Les œufs, sous toutes leurs formes" Le lundi de Pâques, lou dilun de Pàsco, jour où l'on organise force parties de campagne, toute famille méridionale s'apprête à " faire l'oumeleto ", faire le repas dont l'omelette est le plat traditionnel. "Oumeleto, noù-melats, truytàda, pascàdo", l'omelette pascale se prépare aux fines herbes ou, plus délectable encore, avec des rouelles de saucisson coupées en petits dés. Par allusion au frémissement de l'omelette dans la poêle, si plaisant à entendre après la maigre chère de carême, rire de tout son cœur se dit "rire coume une pascàdo". Pas plus qu'il n'admet de Noël sans touron, le Catalan ne conçoit de Pâques sans omelette. " Comme Jean Poueigh, tout observateur régional du début du siècle aurait pu noter le même fait, l'omelette était partout le dimanche ou le lundi de Pâques. Elles étaient prétexte à des réunions ou à des jeux. En Seine-Maritime, le lundi de Pâques, se tenait une "assemblée " où chacun se rendait pour manger l'omelette. Il fallait la réaliser sur place et la retourner. Ce moment était attendu par tous et on se moquait des maladroits. Dans la Somme, jeunes gens et jeunes filles se réunissaient par groupes de huit ou dix, pour manger l'omelette de Pâques. Les garçons apportaient les œufs et, après le repas, garçons et filles jouaient à colin-maillard. Dans l'Aunis et la Saintonge, le repas de Pâques comprenait obligatoirement une omelette et des petits agneaux. Les œufs et les agneaux avaient été préalablement bénits, et on ne brûlait pas les coquilles des œufs, parce que saint Laurent avait été supplicié sur un gril chauffé aux coquilles d'œufs, et les ossements de l'agneau, " qui figuraient l'agneau pascal ", n'étaient pas jetés, mais enterrés. Dans les Pyrénées-Orientales, les familles assistaient à la première messe pour pouvoir manger l'omelette avant le lever du soleil ; en Gascogne, il fallait casser les œufs dès le Samedi saint, en compter six par personne, et la cuire de façon à ce que le couteau y tienne droit. Personne ne résistait à la tradition de l'omelette, même les mécréants, comme le raconte Marie Mauron dans Les Cigales de mon enfance: " Ainsi, lors d'un printemps qui s'annonçait pourri et décidé à tout pourrir aux champs, lui, le païen, ne croyant qu'à la terre, au soleil et aux éléments, nous emmena, le lendemain carillonné de Pâques, pèleriner, en jardinière, au minuscule sanctuaire de notre Crau : Notre-Dame-des-Œufs, de Vacquières.. L'aïeule se signait. L'omelette pascale, faite sur trois pierres, dehors, en allumant le feu au soleil, avec une loupe, à l'heure juste de l'astre à son zénith, cette tradition naturelle, ce symbole de renaissance universelle l'exaltait. Le Soleil-Roi ! Soli Deo ! L'aïeule se signait encore. "
Dans le dictionnaire de la Grande Lande, il est fait mention dans l'ancienne landes de l'omelette "peynude" (pieds nus), la bien nommée. une omelette d'oeufs, de seil et poivre, objet de retrouvailles des bergers et des meuniers. Notre société moderne, en quête de convivialité a gardé le rite: à la maison, en famille, au village, dans le quartier, l'omelette pascale reste d'actuailté. Tradition et particuliarisme des régions vont encore de pair, l'asperge est l'attribut de l'omelette landaise, le saucisson de la béarnaise, l'aillet de la girondine, la pipérade et le jambon de la basquaise, le lard de la provencale....
C'est orthodoxe!
Histoire d'oeufs
Frénésie printanière des poules...
Rendez-vous lundi de Pâques, le matin à l'auberge d'Arboucave!
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